Les passiflores rustiques et fruitières sont très intéressantes pour nos jardins du nord. Les passiflores sont troublantes de par la beauté de leurs fleurs. Alors quand en plus ces fleurs donnent des fruits comestibles, c’est encore mieux. Bien sûr, nous rêverions tous de cultiver les passiflores exotiques qui donnent les savoureux fruits de la passion. Ces lianes fruitières-là ne sont malheureusement pas rustiques. Laissons donc les Passiflora edulis (qui donnent les grenadilles) aux heureux habitants des climats tropicaux et subtropicaux (ou méditerranéens).
Les passiflores sont toutes originaires d’Amérique du Sud. Elles étaient ainsi totalement inconnues dans l’Ancien Monde avant la découvertes des Amériques. On les connaît aussi sous leur nom de fleur de la passion (d’où passiflore, et d’où le nom de leurs fruits, fruits de la passion). Ceux qui les ont découvertes ont vu dans cette fleur les symboles de la passion du Christ. Les dix pétales sont pour les dix apôtres fidèles, les cinq étamines pour les cinq stigmates du Christ, et les trois stigmates pour les trois clous de la croix. Attention, dans la phrase qui précède, les mots “stigmates” ont deux sens différents ! Au sens religieux, les 5 stigmates du Christ renvoient aux plaies infligées par la couronne d’épine, par le fouet, par la lance, par le poids de la croix sur les épaules, par les clous. Au sens botanique, les stigmates font partie des organes femelles de la fleur (avec les ovaires et le pistil).
Les variétés biens installées au jardin
En Île de France, on a l’habitude de voir pousser la classique passiflore bleue (Passiflora caerulea). Assez rustique, un hiver plus froid que les autres peut néanmoins l’emporter facilement si elle n’est pas bien exposée et protégée. Elle produit une abondance de fruits, mais assez insipides, il faut le reconnaître. Certains les aiment bien cependant, ils ne sont pas désagréables, juste un peu fades. La passiflore officinale (Passiflora incarnata), est bien plus intéressante. Sa floraison est superbe et ses fruits vraiment délicieux. Ils ont le goût des fruits de la passion issus des plantes tropicales. De plus, elle est très rustique. Ici, toute la partie aérienne disparaît en hiver et la plante resurgit au printemps. Elle se comporte comme une plante herbacée en fait. Elle a une forte tendance à drageonner un peu partout, comme les autres fleurs de la passion d’ailleurs.
Une vidéo sur la Passiflora incarnata : cliquez ici !
La passiflore blanche (Passiflora “Constance Elliott”) est tout aussi superbe. Ici, elle est très rustique, bien plus que la passiflore bleue. Elle ne donne pas de fruits. En revanche, elle s’est hybridée naturellement avec la passiflore bleue. J’ai donc dans le jardin des passiflores hybrides qui s’installent, issues de semis spontanés : elles sont très rustiques et grosse surprise ! Elles donnent des fruits bien sucrés. Il y a plusieurs pieds, avec différents dégradés de bleus et de blancs. Selon les plantes, les fruits sont plus ou moins sucrés, il faudrait que je fasse une petite sélection des meilleurs pieds mais comme tout ça s’entremêle, ça ne vas pas être une mince affaire !
Les passiflores à l’essai au jardin
On trouve désormais à la vente un cultivar de la passiflore officinale : Passiflora incarnata “Eia Popeia”. Ses fleurs sont aussi très belles, ses fruits apparemment plus nombreux que sur la passiflore officinale. Autre passiflore bientôt à l’essai, la Passiflore “Fata confetto”. Il s’agit là d’une hybridation italienne. Sa fleur ressemble beaucoup aux fleurs des plus belles espèces tropicales. Ses fruits sont présentés comme supérieurs en goût à ceux de la passiflore officinale. Ces deux variétés sont en commande, pour être installées ici au printemps prochain. J’espère bien qu’elles vont s’hybrider allégrement et donner des fruits de plus en plus délicieux au fil du temps. On verra bien, je vous tiendrai au courant.
Comment les cultiver ?
Ici, elles poussent toutes en plein soleil, le long d’un mur exposé plein sud. Les plantes installées depuis de nombreuses années ne nécessitent désormais aucun arrosage. Bien en place, sécheresses et canicules ne leur font absolument pas peur. Par acquis de conscience, je paille les souches en hiver. Je suis très vigilant pour les nouvelles installées, il leur faut passer leurs deux premiers étés avec de bons arrosages. Une fois bien enracinées, elles supporteront mieux les hivers un peu rigoureux. De bons paillages les deux premiers hivers sont recommandés. Bref, en clair, il faut les chouchouter les deux premières années. Elles adorent le compost en début de saison et le paillage en cours d’été (elles sont tout le temps paillées en fait).
Vous le voyez, comme c’est parti, le jardin pourra bientôt être rebaptisé le jardin des fleurs de la passion ! Mais ces fleurs sont tellement belles ! On se régale déjà des fruits qu’elles nous donnent, mais on a hâte de goûter ceux des nouvelles installées.
Pour le plaisir des yeux et des papilles, laissez vous tenter par ces nouveaux cultivars. Sortez du sentier battu de la classique passiflore bleue, et engagez vous résolument sur les sentiers de l’exotisme gourmand avec ces lianes magnifiques !
AURELIA
Bonjour, merci pour cet article enrichissant. Je suis sur la région parisienne proche de Versailles et je cherche une passiflore donnant des fruits comme le maracuja brun violacé pour une culture en bac qui sera rentré dans une véranda non chauffée en hiver, j’hesite entre la passiflore edulis Frederick ou la passiflore incarnata Eia popeia. Je ne connais pas la différence entre ces 2 variétés et les pépinieristes ont du mal à donner ces informations, ne connaissant pas l’eia popeia. Quel serait la passiflore idéale selon vos connaissances pour ma culture, s’il vous plaît?
Laurent Lafaille
Bonjour,
merci pour votre commentaire. A dire vrai, je connais mal les passiflores exotiques car je ne les cultive pas. Cependant, je sais que la Passiflora edulis, quels que soient ses cultivars est une plante tropicale aux exigences tropicales. La passiflore “Eia popeia” est un cultivar de Passiflora incarnata qui elle n’est pas une tropicale, mais une nord américaine herbacée, qui a une période de repos hivernal, elle perd tout son feuillage et redémarre de souche au printemps. Pour moi, c’est une passiflore d’extérieur. De plus, les fleurs de l’incarnata sont autostériles, il faut une autre passiflore pour obtenir des fruits. Donc, si vous devez n’en cultiver qu’une pour la rentrer l’hiver, choisissez l’edulis. Si vous avez de la place en extérieur, choisissez incarnata mais en en plantant 2 ou en l’associant avec une classique passiflore bleue (P. caerulea), comme c’est le cas ici.