Le Wood Wide Web

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Le Wood Wide Web (www)… ce mot peut paraître étrange de prime abord. On connaît mieux le World Wide Web, les trois W de notre internet. Le Wood Wide Web, c’est le réseau internet des plantes…

On savait déjà que les arbres ou les herbes d’une prairie communiquaient entre eux par l’intermédiaire de substances chimiques libérées dans l’air. Mais on découvre désormais qu’il existe une communication beaucoup plus élaborée, au niveau des racines : le Wood Wide Web.

Communication aérienne

Quand une plante est attaquée par des herbivores, afin d’éviter d’être entièrement dévorée, elle synthétise des substances chimiques (des tanins par exemple). Ces substances la rendent amer. C’est pour cette raison que les herbivores sont toujours en mouvement : ils changent de plantes au fur et à mesure qu’elles deviennent inmangeables.

Mais cela ne s’arrête pas là. Non seulement la plante devient inconsommable, mais en plus elle émet un gaz dans l’air qui va informer les plantes à proximité du danger. Alors qu’aucun herbivore ne les touche, elles vont se mettre elles aussi à fabriquer cette même substance toxique. Mais comme le phénomène est lent, les animaux ont toujours une petite longueur d’avance, ce qui évite qu’ils meurent de faim… la nature est bien faite ! Et quand la menace est passée, le taux de substances toxiques diminue jusqu’à ce que la plante soit de nouveau broutée.

Dans les tréfonds du sol

Mais il y a un autre de type de communication, beaucoup plus élaboré encore. Un réseau incroyable de champignons relie toutes les racines entre elles. Sous nos pieds, dans une forêt ou une prairie, des kilomètres de mycélium connectent les systèmes racinaires entre eux. Exactement comme dans le film Avatars où tous les êtres vivants de la planète Pandora sont reliés.

Les champignons pénètrent à l’intérieur des racines. Là, s’ échangent les sucres élaborés par les uns lors de la photosynthèse, et les antibiotiques, élaborés par les autres. Les champignons fournissent aussi du phosphore, de l’azote et d’autres éléments captés dans le sol, pas toujours atteignables ou assimilables par les racines… Les longs filaments de mycélium (la partie invisible des champignons) entourent et exploitent chaque élément du sol. On considère qu’il y en a des kilomètres dans une seule cuillère à café de terre fertile. Ils sont le prolongement des racines et permettent aux plantes d’explorer des surfaces immenses, qu’elles ne pourraient pas explorer par leur propre système racinaire.

On pense souvent que les plantes sont en concurrence entre elles, mais la collaboration est plus importante que la concurrence. Une étude de l’université de Manchester a montré que lors d’une sécheresse, les arbres qui souffraient le moins envoyaient des substances nutritives vers ceux qui souffraient le plus. Et tout ça via ce magnifique réseau fongique. Tout est relié, les plantes utilisent ce réseau  pour faire circuler les matières vers les plantes qui en ont besoin.

La transmission de l’information

Il n’y a pas que les matières qui circulent, il y a aussi les informations. Ce réseau agit comme notre système internet, d’où le nom de Wood Wide Web.

Le mycélium des champignons agit comme un réseau de fibres optiques, en transmettant les informations sur des kilomètres. Ainsi, un arbre attaqué prévient aussi les autres par ce réseau. L’ensemble des arbres d’une forêt est relié, même s’il s’agit d’espèces différentes.

Ces découvertes nous amènent à prendre conscience que le monde autour de nous n’est pas constitué d’entités séparées. Nous évoluons bien dans un écosystème global et ce que nous y faisons, a un impact sur l’ensemble. Un impact pas toujours visible, mais réel. Cela nous amène à revoir nos conceptions erronées sur la nature. Les êtres vivants d’un écosystème évoluent ensemble. Et la règle, c’est la collaboration, pas la loi du plus fort… Ou plus exactement, l’adaptation aux changements se fait ensemble plutôt que séparément… encore faut-il que ces changements ne soient pas trop rapides et leur en laisse le temps.

Laurent Lafaille
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Jardinier passionné ! Ancien maraîcher, animateur et formateur en agroécologie et permaculture depuis bientôt 15 ans, j’interviens de la crèche à la maison de retraite pour vous faire partager ma passion du végétal. Pour en savoir plus, allez dans la rubrique « à propos » sur la page d’accueil.

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