Le jardin créole est un type de jardin en plein renouveau dans les Antilles et en Guyane. Jadis, ce type de jardins était monnaie courante. A l’origine, il s’agissait de jardins qu’on laissait aux esclaves. Ils y cultivaient pour leur auto-subsistance. On y trouvaient des plantes alimentaires, mais aussi médicinales. Les esclaves y appliquaient les techniques qu’ils avaient ramenées d’Afrique. Ils y associèrent le savoir-faire des amérindiens qui vivaient déjà sur place.
Suite à l’exode des paysans vers les villes au cours du XXème siècle, on les délaissa peu à peu. Aujourd’hui, le jardin créole revient au goût du jour et c’est tant mieux car c’est un parfait modèle de gestion agroécologique des terres.
Les associations végétales
Jamais très grand (rarement plus de 200 m2), il fallait, pour nourrir la famille, cultiver le maximum de plantes sur un minimum d’ espace. Les jardiniers de ces régions tropicales ont ainsi développé un véritable art des associations végétales. L’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) s’y est même fortement intéressé. Des études ont montré que 70% des plantes cultivées en association dans ces jardins avaient un rendement bien supérieur aux plantes cultivées de manière conventionnelle. Il est intéressant de noter que les associations végétales sont aussi très utilisées en permaculture. Tout ça est finalement assez logique, car les concepteurs de la permaculture se sont très fortement inspirés des pratiques anciennes.
N’importe quel jardinier qui utilise les associations dans son jardin trouvera un peu de lui-même et de ses façons de faire dans le jardin créole. On y utilise des plantes qui vont apporter de l’azote à leurs voisines. On croisera les plus hautes qui ombrageront celles qui craignent le chaud soleil. Sans compter celles qui vont émettre des substances dans le sol qui feront fuir les parasites, ou d’autres qui attireront les insectes utiles, etc.
Une grande biodiversité
Le jardin créole est un concentré de biodiversité. Il y a la biodiversité des plantes cultivées mais aussi celle des plantes sauvages. Visuellement, cela ressemble à une jungle. Mais elle est bien organisée. Les végétaux sont plantés de manière à échelonner les récoltes toute l’année. Ils sont à l’endroit le mieux adapté pour eux. On va planter les grands arbres fruitiers (arbres à pain, cocotiers, manguiers) de manière à couper le vent, tout en faisant en sorte qu’ils ne fassent pas trop d’ombre. Et puis on va utiliser tous les étages de végétations chaque fois que ce sera possible. L’idée est toujours la même : le plus de cultures possibles sur un petit espace.
Un jardin créole… en Île de France ?
Si on y regarde bien, le jardin créole, ça ressemble comme deux gouttes d’eau à un jardin cultivé selon les principes de la permaculture, non ? L’aspect nourricier, les associations végétales, le concentré de biodiversité, tout ça, on le retrouve dans les jardins permaculturels. Alors, oui, c’est sûr, on ne pourra pas planter d’ananas, d’avocatiers ou de papayers… Et puis, l’histoire étant différente, on n’appellera peut-être pas son jardin, un “jardin créole”. Pourtant, les principes étant les mêmes qu’en permaculture, on pourrait tout à fait avoir en Île de France un jardin qui y ressemble. Si en plus on y cultive le canna comestible, l’igname, le taro et le bananier rustique alors l’illusion sera presque parfaite !
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