Un costus rustique

Costus rustique fleurs
Floraison du costus

Un costus rustique pour votre jardin, ça vous tente ? Et bien il y en existe une espèce, bien rustique, cultivée ici en Seine et Marne depuis maintenant quatre ans. Ce costus y  pousse sans problème et y fleurit bien. Il s’agit du Costus speciosus, mais ça, c’est son ancien nom. En effet, son vrai petit nom scientifique est désormais Cheilocostus speciosus. Réussir cette plante, si courante sous les Tropiques, est un réel bonheur, tant elle est belle et surtout inattendue sous nos climats. Il est vrai  que dans la littérature on la donne rustique à -15°C dès lors que le sol reste bien drainé en hiver. Pourtant, elle est peu courante dans nos jardins et c’est vraiment dommage. Partons à la découverte de cette plante, histoire de vous donner envie de l’acclimater chez vous.

Une plante tropicale bien rustique

Pour simplifier, dans le cadre de cet article, nous utiliserons son ancien nom “costus”.

C’est une plante tropicale, originaire de l’Asie du Sud-Est, jusqu’à la Chine et l’Indonésie. On la trouve cependant désormais dans toutes les zones tropicales et intertropicales de la planète. Elle fait partie de la famille des costaceae, une famille de l’ordre des zingibérales. Son genre est celui des Cheilocostus depuis 2006. On la trouve aussi souvent sous le nom de “gingembre crêpe”. Malgré ses origines bien tropicales, ce costus est étonnamment rustique.

Comme je l’ai dit dans l’introduction de cet article, on le donne généralement rustique à -15°C. Cela signifie qu’il est cultivable dans de nombreuses régions de France métropolitaine. Ici, il tient sans difficulté et si globalement les hivers sont doux depuis quelques années, nous avons eu de bonnes pointes de froid. En effet, le thermomètre est descendu une fois à -12 et une fois à -13 durant ces quatre années de culture. Il faut préciser que ces pointes de froid n’ont duré qu’une nuit, et que les températures moyennes de l’hiver ici oscillent entre -6 à -8, sur de courtes périodes. En sol bien drainé, et avec un paillage, ce costus tient sans problème et redémarre vigoureusement dès les beaux jours revenus.

Costus rustique
Costus, feuillage et fleurs

Une plante qui ne passe pas inaperçue

Quand il redémarre au printemps, le costus rustique fait des tiges très vigoureuses, puissantes, qui ressemblent à des asperges. C’est très curieux à voir. Les tiges s’élèvent très vite, et déploient des feuilles disposées en spirales tout autour de l’axe central. Ces feuilles sont impressionnantes, tant par leur taille que par leur aspect. Cela ne ressemble en rien ni aux cannas ni aux hédychiums. C’est vraiment particulier et on repère la touffe de loin. Les tiges qui émergent au printemps fleurissent en fin d’été. En août, de nouvelles tiges émergent, encore plus impressionnantes. Elles ont une croissance fulgurante et dépassent rapidement les tiges émises au printemps pour culminer à 1,70 m de hauteur. C’est pas mal, mais dans son milieu naturel, ce costus peut atteindre 3 m. Cela signifie qu’en climat doux, en France, il pourrait facilement atteindre les 2 m et plus.

La floraison des tiges sorties en août a lieu en automne. Attention cependant, si les nuits de fin septembre et d’octobre sont trop froides, les bourgeons auront du mal à s’épanouir. Chaque bourgeon émet des fleurs pendant plusieurs semaines. Cela fait donc au moins deux mois de floraison. Les fleurs ressemblent à du papier crépon, d’où son nom de gingembre crêpe.

Comment cultiver le costus rustique

Ici, il est planté le long d’un mur exposé plein sud. Mais en plein été, un grand bananier le protège aux heures les plus chaudes. Pour l’exposition, je dirai donc de mi-ombre à plein soleil. J’ai essayé une souche en plein cagnard et il pousse aussi très bien, mais nécessite un peu plus d’eau en été.  Par contre, j’imagine que dans le midi de la France, il nécessiterait une exposition bien plus ombragée et plus arrosée.

Fleur de costus

Le sol doit être  bien drainé et enrichi de compost tous les ans. La plante est paillée toute l’année. L’été, le paillage lui garantit une humidité constante. L’hiver, cela le protège du froid. Il a mis deux ans à bien s’installer avant de fleurir. Il apprécie les arrosages par été très sec, mais je ne peux pas dire que je l’arrose beaucoup.  Il est vrai qu’un sol régulièrement nourri de compost et abondamment paillé permet de garder une humidité constante, cela limite les arrosages. Evidemment, plus il sera exposé au soleil et à la chaleur, plus il lui faudra d’eau, c’est logique. Je ne sais pas ce que cela donnerait dans des climats plus doux, mais ici, la touffe s’élargit lentement, tranquillement.

Fin octobre, je coupe toutes les tiges au ras du sol et je remets une couche de paillage. Je coupe les tiges en tronçons que je mets dans l’eau, au chaud dans ma cuisine. Les tronçons émettent assez rapidement des racines et une tige latérale. Quand il y a de belles racines, il suffit de rempoter, et voilà ! Ce costus se bouture donc très bien dans l’eau.

Costus rustique
Pousses de costus, au printemps

Une plante médicinale

Mais ce costus révèle encore quelques bonnes surprises ! Non seulement, il donnera à vos massifs des airs de tropiques, mais en plus il a de nombreuses vertus médicinales. Son rhizome est utilisé en Asie pour soigner les fièvres, la toux les problèmes de peau, l’anémie. Bon, pour ce qui nous concerne, nous le cultivons surtout pour son originalité sous notre climat du nord de la France, et la beauté de ses fleurs.

Voilà donc une plante luxuriante et assez facile de culture, probablement une valeur sûre pour nos jardins ornementaux de demain !

 

Laurent Lafaille
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Jardinier passionné ! Ancien maraîcher, animateur et formateur en agroécologie et permaculture depuis bientôt 15 ans, j’interviens de la crèche à la maison de retraite pour vous faire partager ma passion du végétal. Pour en savoir plus, allez dans la rubrique « à propos » sur la page d’accueil.

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