Le potaflore de Noisiel

Potaflore NoisielLe potaflore de Noisiel, voilà un nom bien bizarre me direz-vous. Il vient du fait que je ne savais pas comment qualifier ce jardin. J’aurais pu l’appeler le potager fleuri, mais ce n’est pas un potager au sens strict du terme. J’ai donc opté pour ce néologisme composé de « pota » pour plantes potagères (sauvages ou pas) et de « flore » pour fleur. Bon, voyons ça plus précisément.

Revenons au point de départ : les difficultés rencontrées sur le jardin, ouvert à tous les vents et à tout le monde. En soi, ça pourrait être pas mal un jardin où tout le monde peut aller, quand il le veut, ça semble même une idée plutôt sympathique. Oui, mais… et il y a un gros MAIS ! Les gens venaient dans le jardin pour récolter et pas pour participer ! Nous avions donc un petit groupes de jardinières (oui, que des femmes), ultra motivées, qui passaient leur temps à entretenir, désherber, semer, arroser, sans jamais rien récolter. Alors, c’est vrai, au départ, c’était un jardin « Incroyables comestibles ». C’était donc le principe : les récoltes étaient pour tout le monde. Mais ce système trouve assez vite ses limites quand ceux qui s’échinent finissent par ne jamais rien récolter parce que d’autres attendent patiemment de venir ramasser le résultat de leur labeur sans jamais faire le moindre effort. Et que finit-il par se passer ? Le petit groupe commença à se réduire, se réduire… Les vaillantes jardinières commencèrent à jeter l’éponge.

Redynamiser le projet

Il a fallu redynamiser le projet et trouver une formule qui prennent en compte tous les aspects du jardin. A vrai dire, les jardins « Incroyables Comestibles », je n’y ai jamais vraiment cru (avis strictement personnel). Sûrement, dans certains pays plus disciplinés ou dans certaines communes ou quartiers où les gens se connaissent et ont des liens communautaires plus serrés, ce type de jardins peut-il marcher. C’est très bien s’il y a des endroits où ça marche. Mais là, non ! Vu la localisation du jardin, il n’y avait aucune chance que cela fonctionne car l’aspect humain n’a pas été pris en compte. Personne en effet, n’accepte de travailler très longtemps sans jamais avoir de retour sur investissement ! Les seules choses auxquelles on aboutit sont la lassitude et le découragement.

Comment donc faire un jardin où nos jardinières verraient leurs efforts récompensés par quelques récoltes ? C’est là qu’est né l’idée du potaflore. Un jardin organisé comme un massif de plantes ornementales. Des parcelles arrondies, rien de rectiligne qui puisse faire penser à un potager. Au centre des massifs, des plantes ornementales hautes. Et sur les bordures, un mélange de plantes ornementales comestibles, de légumes vivaces, de plantes sauvages comestibles. On a aussi intégré des légumes peu connus entre les différences plantes vivaces. En gros, on brouille les pistes, le plus possible en utilisant un phénomène étrange : quand ce n’est pas cultivé en lignes, dans des zones entretenues, les gens ne touchent pas ! Comme si une plante poussant à l’état « sauvage » perdait son caractère comestible.

Les plantes
Hémérocalles aux fleurs croquantes et sucrées

Alors, qu’avons nous planté ? Des plantes comestibles et/ou utiles à la biodiversité. Pas mal de légumes vivaces, comme de la roquette sauvage, des oignons rocambole, des oignons de Saint Jean, de la mauve, de la consoude, de l’oseille. Mais aussi du fenouil épice, de la bourrache, de la pimprenelle. Nous avons aussi remarqué que les gens ne touchaient pas aux choux kales rouges. On va donc en remettre cette année avec du chou palmetto. Des blettes de toutes sortes se ressèment aussi spontanément, on les laisse, les gens y touchent assez peu. Du chénopode Bon Henri. Des tomates de couleurs seront plantées en mai. Blanches, bleues ou vertes, les gens ne savent pas les reconnaître quand elles sont mûres. Des radis blancs, de l’anredera (ou de la baselle, totalement inconnue), auxquels on ajoutera de la tétragone cornue. Du maïs de couleur (quand il y a des couleurs, les gens pensent que c’est ornemental). Arc en ciel incas est un maïs multicolore, mais délicieux… un peu partout, se ressème aussi de la mâche, que les gens ne reconnaissent pas et n’osent pas récolter quand elle ne pousse pas en rang ordonné.

Nous avons aussi installés des touffes de plantains, associées à des primevères, tout ça se mange et est délicieux. En plantes hautes, des hémérocalles (on en mange les feuilles, les fleurs). Le tout noyé dans des ornementales classiques comme les asters, les anémones du japon, les juliennes des jardins, les phlomis, des calendulas…

Et dans tous les espaces entre les plantes, nous avons semé des prairies comestibles : mélange de carottes, salades, épinards, navets, radis… Bref, un joyeux fouillis où une bonne partie des choses récoltables passera inaperçu. En tout cas c’est ce qu’on espère. Pour moi, ce projet s’arrête fin avril, mais je passerai voir comment ça évolue, je vous dirai…

Nos jardinières ont quant à elles commencé à expérimenter les nouvelles saveurs apportées par ces plantes qu’elles n’ont pas l’habitude de manger. Elles ont surtout commencé à découvrir la richesse insoupçonnée de notre univers végétal comestible…

 

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