Pour développer la biodiversité naturelle, il y a beaucoup de choses qu’ on peut faire, même dans un petit jardin. Comme vous le savez certainement, la biodiversité est en grande difficulté, sur l’ensemble de la planète. A cela, il y a plusieurs raisons. La première, ce sont les pratiques agricoles, qui utilisent produits chimiques et déforestation pour se développer. Ces méthodes, sont d’une extrême agressivité vis à vis de la Nature, on peut même parler de “guerre contre la nature”. Une autre grande raison de la perte de biodiversité, c’est l’urbanisation galopante, qui fait que nos villes gagnent sans cesse sur les terres cultivables, les forêts. La pollution est aussi une raison importante de la baisse de la biodiversité, sur les terres, dans les océans… Et puis les conséquences du changement climatique commencent aussi à peser sur les écosystèmes. Tous ces éléments mis bout à bout peuvent donner le sentiment que la tâche est trop immense et qu’on ne peut rien faire, que tout est entre les mains des gouvernants. Je crains malheureusement qu’il n’y ait pas grand chose à attendre de nos gouvernements, alors c’est à chacun, à la mesure de ses moyens d’essayer de faire quelque chose.
Changer de regards
C’est tout bête, mais changer de regard sur les choses entraînera un changement de comportement. Dans nos jardins, concrètement, cela signifie qu’un jardin beau n’est pas forcément celui qui est tondu toutes les semaines. Trop souvent, nos pelouses sont des déserts biologiques, où le sol finit par s’épuiser quand on enlève systématiquement le résidu des tontes. A force, le cycle de la matière se rompt. Plus de matières organiques qui retournent au sol, et c’est tout l’écosystème du sol qui s’appauvrit. Oui, la biodiversité, c’est aussi celle du sol. On ne la voit pas, mais elle est fondamentale. Un sol en bonne santé, c’est la base de la vie sur terre !
Et que se passe t-il quand l’écosystème du sol est en vrac ? Et bien ça, ça se voit : les mousses apparaissent, les graminées régressent, et seules des plantes à rosettes arrivent à survivre (plantain, pissenlit…).
Conseils :
- Laissez une tonte sur 3 au sol, pour ré-enclencher le cycle de la matière
- coupez moins ras
- accueillez avec plaisir les petits plantes à fleurs
- ne tondez pas tout, laissez des espaces où les herbes pourront atteindre leur maturité et fleurir
Dans mon jardin, je ne tonds que les allées, les zones de passages… Pour le reste, je laisse grandir, fleurir, sécher. Au fil du temps, on s’aperçoit qu’un jardin plein de vie, c’est beau. J’ai fini par trouver moche les jardins trop “propres”. Apprendre à changer de regard, c’est apprendre à regarder la vie.
Arbustes et arbres
S’il n’est pas toujours possible d’accueillir de grands arbres, on peut au moins se rabattre sur de nombreux arbustes. Il en existe beaucoup de sauvages pour lesquelles il existe des espèces horticoles ayant les mêmes vertus que leurs ancêtres naturels. Les sureaux, les noisetiers, les aubépines, les troènes, les viburnums, les cornouillers… Accueillez ces arbustes sans modération, en haie associés à des espèces plus ornementales si vous le souhaitez. Mais ce qui est important, c’est de ne pas les tailler trop court. Quel désespoir de voir des haies de lauriers palme maintenus à 1,50 de hauteur ! Ils ne fleurissent jamais, et ni leur fleurs mellifères ni leur fruits ne profitent aux insectes et aux oiseaux.
Et si vous le pouvez, devant votre haie, laissez une bande herbeuse, comme une lisière qui accueillera une foultitude d’insectes. Haie ou massif arbustif, même petit, associé à votre bande herbeuse et c’est déjà un petit écosystème qui apparaît.
Conseils :
- Installez des espèces sauvages, locales, associées à des espèces ornementales
- ne taillez pas systématiquement vos arbustes tous les ans, mais laissez les fleurir et fructifier
- ne ramassez pas les feuilles mortes en automne, mais utilisez les pour pailler massifs, pied de haies et potager
Bien choisir ses plantes herbacées
Vous aimez les vivaces ? Moi aussi ! Et j’aime particulièrement les plantes exotiques. Le problème, c’est que celles-ci sont inconnues de notre faune locale. Hum, pas très écologique tout ça… Mais insectes et oiseaux s’habituent vite. Ils doivent survivre donc ils sont capables de percevoir les sources nouvelles de nourriture après un temps d’adaptation, qui peut être plus ou moins long cependant. C’est ainsi que les bourdons adorent les fleurs des passiflores, ou que des myriades de petits insectes se précipitent dans les fleurs de l’arum blanc d’Ethiopie. Ou encore que les mulots utilisent les feuilles des bambous pour tapisser leurs nids, ils ont du s’apercevoir que c’était un bon isolant…
Pour qu’ils s’habituent encore plus vite, je mélange allègrement des plantes exotiques avec des plantes ornementales ayant un fort intérêt écologique. C’est ainsi que les chardonnerets adorent les graines des cosmos, originaires de l’Himalaya. Sauges des prés et sauges ornementales, mélilots, galéga, marguerites… Ces plantes sauvages se trouvent désormais en vente, pas besoin d’aller les prélever dans la nature (pas recommandé du tout).
Conseils :
- Pour chaque plante horticole installée, planter une plante ayant un intérêt écologique, mélangez !
- découvrez la richesse des plantes vivaces, des annuelles… N’achetez plus que pour vous, mais aussi pour les autres êtres vivants de votre jardin.
Oiseaux et animaux
Pour les oiseaux, installez pourquoi pas des nichoirs, ou des mangeoires pour le temps des froidures hivernales. Laissez des tas de bois au fond du jardin, avec des passages dans les clôtures pour les hérissons. L’hiver pensez aussi à donner à boire aux oiseaux, quand l’eau des flaques et des mares est gelée… Pourquoi pas un hôtel à insectes ?
Pour conclure
Sûrement y aurait-il encore beaucoup à dire sur ce qu’on pourrait faire pour développer la biodiversité. Mais les petites choses indiquées dans cet article permettront déjà de bien aider la biodiversité à se développer dans votre jardin.
Une des règles que je me fixe pour acheter des végétaux : ne jamais acheter que pour moi, mais toujours en pensant aux animaux du jardin. Jardiner écologique, c’est aussi être moins égoïste, moins anthropocentré. Je partage mon jardin avec des centaines d’êtres vivants, que je vois ou ne vois pas, mes actions ont donc un impact sur eux. Développer la biodiversité naturelle n’est pas une tâche impossible, c’est une nécessité. Et c’est aussi un bonheur, quand on voit des papillons, des oiseaux qu’on n’avait jamais apparaître. La nature se réinstalle vite, elle n’est pas hostile. Vivons avec elle, pour elle, plutôt que contre elle, nous avons tout à y gagner.
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