Créer un jardin créole dans le nord de la France, pourquoi pas ? Un article a déjà été écrit pour expliquer ce qu’est un jardin créole, vous pouvez le retrouver ici.
Pour résumer rapidement, le jardin créole est un jardin nourricier, où pousse le maximum de plantes comestibles et médicinales sur le minimum d’espace. On le trouve sous les climats tropicaux et équatoriaux. Sa vocation était essentiellement nourricière et il était très important pour les esclaves qui travaillaient dur dans les plantations de canne à sucre ou de cotonniers. Alors, me direz-vous, comment en créer un en Île de France ou plus globalement sous nos climats moins cléments ? Est-ce même envisageable ? Et bien oui, ça l’est ! Evidemment, il ne sera pas question d’avocatiers, de papayers ou de cocotiers. Mais en choisissant judicieusement ses plantes, on pourrait arriver à une illusion presque parfaite en termes d’exotisme. Mais s’agira t-il de plantes comestibles ? Oui, des plantes à l’aspect exotique et qui en plus seront comestibles, c’est possible !
Allez, je vous emmène en voyage !
Chosir ses plantes
Ici, au Jardin d’épices, je cultive beaucoup de plantes à l’aspect exotique. La condition sine qua non pour que je les installe dans mon jardin : elles doivent supporter nos hivers. Alors en voici quelques unes que je vous propose pour votre jardin. En trame de fond, vous pouvez installer des bananiers. Le plus courant pour nos régions, c’est le bananier du Japon (Musa basjoo). Il ne donnera pas de fruits comestibles mais vous pourrez parfaitement utiliser ces feuilles pour cuisiner comme on le fait en Asie ou en Polynésie où on y emballe la nourriture à cuire avant de la mettre au four (ou dans des braises). Dans les régions les plus douces, on pourra même essayer des variétés fruitières comme “Dajiao”, “Himalayan fruit”… Ces variétés sont à l’essai pour l’instant ici. Elles tiennent bien au gel mais n’ont pas encore fructifié. Egalement à l’essai, les bananiers fruitiers suivant : “Helen’s hybrid” et “Himalayan mountain”.
Les racines comestibles exotiques
En termes de plantes comestibles assez hautes, vous avez aussi le canna comestible, le Canna edulis. Cette grande plante, haute de près de 2m fournit un gros rhizome nourricier. Il est excellent cuit. Cette plante est parfaitement rustique au froid et passe l’hiver sans aucun problème en Seine et Marne.
Autre plante comestible au feuillage exotique : le taro, dont le nom scientifique est “Colocasia esculenta”. Vous pouvez mettre en culture des eddos, des petits taros asiatiques dont les tubercules sont vendus en supermarchés. Ils sont assez prolifiques grâce à leurs stolons qui vous donneront d’autres tubercules facilement. Les tubercules du taro se récoltent en automne. Attention, ils doivent impérativement être cuits, sinon, ils sont toxiques !! La variété “Pink China” est très rustique mais sera davantage ornementale. Même s’il s’agit d’une variété de Colocasia esculenta, a priori comestible donc, je n’ai pas trouvé de traces qui indiquent qu’elle l’est vraiment donc dans le doute, on s’abstient ! Elle contribue juste à l’aspect exotique du jardin et ce sont les petits eddos qu’on mange !
Autre plante très facile à cultiver : la patate douce. Elle pousse très bien au jardin et donne de bonnes récoltes. On met les plants en place en mai pour une récolte en octobre. A savoir, même les feuilles se mangent ! Autre tubercule facile et très nourrissant : l‘igname de Chine. Cet igname est une plante grimpante. Il a la particularité de résister parfaitement au froid. Généralement, on le laisse deux années au jardin pour avoir des tubercules très gros. Ici, il pousse très très bien. Le panorama serait incomplet si on ne parlait pas du yacon (Polymnia edulis), la fameuse poire de terre. Très facile à cultiver, son feuillage est très exotique. Il se cultive comme un dahlia et donne de grosses racines juteuses et charnues, excellentes à manger crues au cuites.
Les arbres fruitiers
Le plus facile et le plus rustique, c’est le goyavier du Brésil (Feijoa sellowiana). Ici au jardin, j’en ai un depuis plus de 15 ans. Il nous donne de belles récoltes de fruits délicieux assez tardivement, en septembre octobre. C’est un petit arbre, de 4 à 5m de haut. Il pousse assez lentement, puisqu’ici il atteint les 2,5 au bout de 15 ans. Mais il fructifie depuis des années. Les passiflores ne sont pas en reste. Vous pouvez retrouver ici l’article qui vous en dira plus sur les variétés adaptables qui donnent de bons fruits de la passion.
Si les manguiers ne poussent pas en France métropolitaine, les asiminiers eux, y poussent très bien. Ils donnent de gros fruits, qui ressemblent à des mangues et qui en ont le goût. Ces arbres sont bien rustiques, le froid ne leur fait pas peur ! Ils fleurissent en avril/mai, après les gelées, donc récoltes assurées ! Et puis il y a les palmiers. Ici, le palmier abricot pousse très bien (Butia capitata). Il semblerait que le Butia eriospatha pousse encore mieux, mais je n’en ai pas au jardin, pas encore. Tous deux résistent bien au froid et quand ils seront matures, ils donneront de jolies fruits délicieux (que j’ai pu goûter dans le sud de la France). Pour l’instant, pas encore de fruits ici, mais on les attend avec impatience.
Fruits pour le potager
Autre fruit exotique à tenter : la chayotte ou christophine (Sechium edule).Cette plante est une cucurbitacée. Son fruit ressemble à une poire, verte et toute lisse. C’est une plante grimpante. Je l’ai vu dans quelques jardins du coin, portant de nombreux fruits en fin d’été. Ici, elle pousse assez bien mais a un peu de mal à fructifier, par manque d’arrosage probablement. Pour cette année 2023, deux variétés sont plantées au jardin, une à fruits verts et une à fruits blancs. J’ai bien travaillé le sol en double bêchage et bien choisi l’emplacement. Je vous en reparlerai dans un prochain article. Il est facile d’obtenir des plants à partir de fruits achetés en supermarché. Ils germent très facilement pendant l’hiver, au chaud à la maison. On les replante ensuite quand les gelées ne sont plus à craindre.
Les épices
Le panorama serait incomplet si on ne parlait pas un peu des épices. Certaines sont vraiment très simples à cultiver, même en Île de France. Si le gingembre officinale et le curcuma poussent, leur récolte reste aléatoire. Il y a de bonnes années et des mauvaises (pour le curcuma, voir ici). Mais je ne vais parler ici que des espèces qui donnent de très bons résultats. Il y a d’abord le gingembre du Japon (Zingiber mioga). Ce gingembre est étonnant. Il ne craint pas le froid, sa touffe s’épaissit année après année et il est très vigoureux. Pour en savoir plus sur ce gingembre, je vous invite à lire l’article qui lui est consacré, voir ici. La coriandre vietnamienne ou rau ram, ou (Polygonum odoratum) est une plante vivace. Ici, elle passe très bien l’hiver, même sans paillage. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à notre persicaire sauvage, sauf que cette dernière n’a pas de parfum. Le rau ram lui a une franche et bonne odeur de coriandre et sert à parfumer les plats pendant tout l’été.
Assez rustique aussi : le galanga (Alpinia galanga). Cette grande plante de la famille du gingembre donne des rhizomes très parfumés, très utilisés dans la cuisine du sud est asiatique. Il ressemble à un hédychium. Bonne nouvelle, il résiste assez bien en pleine terre ( on le donne rustique à -10°C). Ici, il n’a jamais gelé et je l’ai depuis plusieurs années. Il lui faut de bonnes conditions pour bien pousser, à savoir une terre riche, une situation mi-ombragée et de bons arrosages en été. Pour l’instant, il n’a encore jamais fleuri et je n’ai pas encore procédé à une récolte. Je laisse le pied s’installer et prendre une belle ampleur avant d’arracher ses rhizomes pour la cuisine.
Pour conclure
Cet article non exhaustif va s’arrêter ici. Probablement, je le compléterai un peu plus tard par un autre article. J’aurais en effet pu parler aussi de la verveine citronnelle, de l’houttouynia, de la plante camembert, du gros thym antillais, du Hoja Santa, du poivre du Sichuan… Mais cet article vous donne déjà pas mal de pistes, non ? Alors, à vous de jouer !
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