Histoire de la pomme de terre

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Peut-on imaginer notre cuisine sans pommes de terre ? En frites, en purées, en pommes de terre sautées, dans les plats traditionnels comme le bœuf bourguignon, le gratin dauphinois… La liste est longue.

Ce légume fut la base de l’alimentation de nombreux peuples, et il l’est toujours. Nourricier, assez facile à cultiver, sans lui, la famine s’abattrait sur de nombreuses régions. C’est d’ailleurs ce qui arriva en Irlande en 1845. La pomme de terre était devenue un aliment de base tellement important pour la population que quand le mildiou débarqua en provenance d’Europe Centrale, ce fut la catastrophe.  Les récoltes chutèrent de presque 50%, puis furent quasiment anéanties les trois années suivantes. Cela déclencha une famine de grande ampleur qui tua un million d’Irlandais et poussa deux autres millions à émigrer, vers les Etats Unis notamment.

Aujourd’hui, on la cultive dans de très nombreux pays. Au niveau de la production mondiale, c’est la quatrième plante la plus cultivée derrière le blé, le riz et le maïs. Le nombre de cultivars est immense et pourtant, personne dans l’ancien monde ne  la connaissait avant la découverte des Amériques au XVème siècle.

Un peu d’histoire

La pomme de terre est en effet un légume du nouveau monde. Les Incas la cultivait dans les Andes depuis des temps immémoriaux. Les conquistadors espagnols la découvrirent et la ramenèrent en Europe d’où elle se diffusa dans le monde entier. On commença probablement à la cultiver en Espagne aux alentours de 1570.

Les Incas la nommaient « papa », mais ce n’est pas ce nom qu’on garda. Les indiens arawaks d’Haïti nommaient « batata » une plante qui lui ressemblait beaucoup : la patate douce. Les espagnols firent la confusion entre les deux et c’est ainsi que le nom « batata » devint celui qu’on prit l’habitude de lui donner : « patate ».

La pomme de terre appartient à la famille des solanacées comme la tomate, l’aubergine, le poivron ou… le datura, plante hautement toxique. La toxicité provient de la solanine, qui a donné son nom à la famille. La solanine se forme sur les pommes de terre quand elles sont exposées au soleil, qui les fait verdir et les rend toxiques. C’est pourquoi il fortement déconseillé de manger ces tubercules quand ils sont verts.

A la conquête de la France

En France, la pomme de terre eut du mal à s’implanter. On la considérait avec suspicion. C’est Antoine Augustin Parmentier, pharmacien militaire qui la découvrit en Allemagne alors qu’il y était prisonnier. Quand il revint en France, il cultiva un champs de pommes de terre dans la plaine des Sablons (où se trouve la station de métro d’aujourd’hui). Comme personne ne voulait manger de pommes de terre qu’on accusait de donner la lèpre ou de stériliser les champs, Parmentier eut l’idée de faire garder le champs au moment de la récolte. Si c’était gardé, c’est qu’il y avait là quelque chose de précieux… L’astucieux pharmacien avait bien compris les ressorts de la psychologie humaine. Le champs fut pillé et c’est ainsi que les Français goûtèrent la pomme de terre. Parmentier en fit la promotion en demandant au roi Louis XVI de parader avec un bouquet de fleurs de pomme de terre à la boutonnière. Inconnues, ces fleurs intriguèrent, éveillèrent la curiosité et l’intérêt au plus haut sommet de l’état. Le tour était joué, du peuple jusqu’à l’aristocratie, la pomme de terre conquit toutes les tables françaises.

Ailleurs en Europe

Il n’y eu pas qu’en France que le tubercule eut du mal à s’implanter. En Ecosse on refusa de le cultiver sous prétexte qu’il ne figurait pas dans la Bible, il était donc forcément démoniaque. En Allemagne, où Parmentier le découvrit, il servait à nourrir les cochons… et les prisonniers ! C’est dire comment on  considérait cette pauvre pomme de terre. Mais c’est grâce à ça que Parmentier put la goûter. La démocratisation vint par la force : pour éviter les famines récurrentes, Frédéric II de Prusse ordonna sa plantation pour sauver la population. Par contre, en Irlande et en Angleterre, sa culture s’implanta assez rapidement. Passées les premières réticences,  à partir du XVIIIème siècle sa culture se répandit partout en Europe, à tel point qu’on peut parler de « révolution de la pomme de terre ». On comprit alors l’intérêt de sa culture. Le tubercule était nourrissant, un pied pouvait produire beaucoup, assez vite. A une époque où disettes et famines pouvaient être fréquentes, elle apparut comme une culture presque providentielle.

Alors, merci aux Incas d’avoir apprivoisé la pomme de terre ! On considère qu’il leur fallut dix siècles pour passer des variétés sauvages terriblement amères aux variétés douces. Quelle patience et quelle ténacité ! Mais c’est bien grâce à eux que nous pouvons aujourd’hui nous régaler de délicieuses frites !

Pour conclure, un courte vidéo qui résume bien : cliquez ici

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Jardinier passionné ! Ancien maraîcher, animateur et formateur en agroécologie et permaculture depuis bientôt 15 ans, j’interviens de la crèche à la maison de retraite pour vous faire partager ma passion du végétal. Pour en savoir plus, allez dans la rubrique « à propos » sur la page d’accueil.

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